Comme toutes les tâches qui comportent une composante analytique importante, il y a de bonnes raisons de penser que les entrevues de sélection sont appelées à être transformées par l’intelligence artificielle. La firme Hirevue, en Utah, a développé un système d’entrevues asynchrones complètement autonome et a publié dans Journal of Applied Psychology un article décrivant les qualités psychométriques de leur outil.
Liff, Mondragon, Gardner, Hartwell et Bradshaw ont décrit comment ils ont entraîné un système à répliquer l’évaluation d’interviewers expérimentés pour interpréter les réponses verbales et non-verbales de candidats à une entrevue structurée. Leur système mesurait une quinzaine de compétences (par exemple adaptabilité, communication, fiabilité ou résolution de problèmes) généralisables à un grand nombre de postes. À travers huit échantillons d’entrevue, ils ont trouvé de bons indices de fidélité, soit un test-retest moyen de 0,72 et un accord inter-juge avec des humains de 0,66. Ils ont trouvé peu de différences entre les groupes démographiques et des indices de validité critériée non-corrigés de 0,24 en moyenne, ce qui est moins élevé mais comparable au 0,32 que Sackett et al. ont trouvé pour des entrevues structurées menées par des humains.
Ces premiers résultats montrent qu’il reste encore du travail à faire pour développer des systèmes d’entrevue automatisés par l’intelligence artificielle puisqu’ils ne sont pas encore aussi bons que des professionnels. Ces données sont toutefois encourageantes pour les entreprises qui se sont engagées dans cette voie. Mais il me reste une question fondamentale : si l’intelligence artificielle tient toutes ses promesses, quelle sera l’utilité de la sélection dans un monde où le nombre d’emploi occupés par des humains aura décliné drastiquement?
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