Les conséquences individuelles du télétravail

Avec la fin de la pandémie de COVID-19 est revenue la question de l’avenir du télétravail. On observe actuellement un effort de la part de plusieurs employeurs pour en limiter l’usage, que ce soit par des rappels au bureau à temps plein ou par l’imposition d’un nombre minimal de jours en présentiel. À l’inverse, de nombreux employés apprécient la flexibilité qu’offre le télétravail et souhaitent pouvoir continuer à en bénéficier. Le sujet a désormais fait l’objet d’un nombre suffisant d’études pour que Gajendram, Ponapalli, Wang et Javagali réalisent une méta-analyse sur la relation entre le recours au télétravail et diverses variables individuelles. Leur article a été publié dans Personnel Psychology.

Ils ont recensé 108 études montrant que le télétravail influence les employés principalement à travers deux mécanismes : l’autonomie perçue et l’isolement. En moyenne, les effets significatifs de l’intensité du télétravail sur les variables individuelles sont faibles, mais généralement positifs. Les employés qui travaillent davantage à distance se disent plus satisfaits de leur emploi, perçoivent un meilleur soutien, manifestent une intention de départ plus faible et sont évalués plus favorablement par leurs supérieurs. En revanche, aucune différence notable n’a été observée en ce qui concerne le bien-être psychologique, notamment la gestion du stress ou les conflits entre le travail et la vie personnelle. Cela suggère que la porosité accrue entre les sphères professionnelle et personnelle liée au télétravail ne va pas nécessairement dans le sens d’un mieux-être.

Ainsi, le télétravail semble avoir des effets modestes mais globalement positifs sur les employés. Le débat reste néanmoins ouvert, car cette recherche ne tenait pas compte des variables organisationnelles. On peut supposer, par exemple, que les entreprises où les interactions en personne sont plus fréquentes favorisent davantage le partage des connaissances, l’innovation ou encore le développement d’une culture collaborative. Pour les scientifiques comme pour les professionnels en ressources humaines, il reste encore plusieurs questions en suspens.