Tout comme les individus, les organisations apprennent de leurs erreurs. Toutefois, une fois la crise passée et la poussière retombée, il est naturel que l’attention se détourne… au risque d’oublier ce qui s’est produit et de répéter les mêmes erreurs. Dans un article publié dans l’Academy of Management Journal, Madsen et Desai analysent les conditions qui favorisent — ou non — l’apprentissage organisationnel à la suite d’un incident, dans un contexte de santé et sécurité au travail. Bien que leur étude porte sur ce domaine, leurs conclusions peuvent s’appliquer à d’autres types de problèmes organisationnels.
Les chercheurs ont examiné les données sur les accidents majeurs survenus dans des mines de charbon aux États-Unis entre 1983 et 2021, ayant entraîné des handicaps permanents ou des décès. Pour mesurer le degré d’apprentissage de l’organisation après un incident, ils ont analysé le nombre de journées de travail perdues en raison de blessures au cours des cinq années suivantes.
Leurs résultats montrent que les entreprises conservent de meilleures performances en santé et sécurité lorsque :
- l’incident initial a fait l’objet d’une analyse approfondie mettant en lumière plusieurs causes;
- l’organisation a été jugée partiellement ou entièrement responsable de l’incident;
- l’incident est survenu dans un contexte représentatif des activités principales de l’entreprise.
En conclusion, les auteurs formulent des recommandations qui rejoindront sans doute l’expérience des professionnels en SST : mener des enquêtes approfondies, assumer la responsabilité des incidents et diffuser les apprentissages dans des contextes similaires sont des pratiques clés pour maximiser la rétention des leçons tirées d’un événement tragique.