Les entreprises, comme le reste de la société, sont de plus en plus le théâtre de débats polarisés. On explique souvent ce phénomène par la tendance des individus à interagir avec des personnes ou des contenus qui confirment leurs opinions, ce qui renforce leurs croyances. Mais une étude récente de Daniel Mochon et Janet Schwartz, publiée dans Organizational Behavior and Human Decision Processes, explore un mécanisme moins souvent discuté : la confrontation aux opinions contraires.
Les auteurs ont analysé le comportement de plus de 500 000 utilisateurs de Facebook exposés à des publications politiquement alignées ou opposées à leurs convictions. Résultat : les gens étaient plus enclins à cliquer et commenter les contenus qui allaient à l’encontre de leurs idées, plutôt que ceux qui les confortaient. Des expériences ultérieures ont montré que ce comportement s’étend à d'autres sujets non politiques. Selon les auteurs, le désaccord suscite de l’indignation, qui devient un moteur de mobilisation encore plus fort que l’accord.
Ces résultats sont pertinents pour les leaders qui souhaitent introduire des changements organisationnels. Lorsqu’on donne la parole aux employés, les plus indignés sont souvent les plus visibles, ce qui peut donner une impression exagérée de l’opposition. Cela peut aussi créer des blocages si le message est perçu comme menaçant ou moralisateur. Les auteurs recommandent de soigner la formulation des communications sensibles pour limiter les réactions d’indignation. Mieux comprendre ces dynamiques peut aider à anticiper les résistances et à maintenir un dialogue constructif, même dans les désaccords.